mercredi 1 novembre 2017

La chapelle de Toussaint, église Saint-Nicolas de Troyes

 Cet article est le fruit de longues recherches et non une simple compilation de choses déjà publiées. Aussi, ayez l'honnêteté intellectuelle de donner la source et la référence lorsque vous l’utilisez ou copiez-collez, comme je le fais moi-même.

  À la suite du grand incendie de 1524, l’église Saint-Nicolas dut être rebâtie.

  Les travaux de reconstruction débutèrent en 1526 avec les chapelles du chevet : la chapelle Notre-Dame-de-Lorette au sud-est (1526-1530), suivie de la chapelle absidiale (1531) et enfin de celle de Toussaint au nord-est (1533-1535), tandis que s'élevaient parallèlement les chapelles Saint-Roc (côté chapelle Notre-Dame de Lorette) et Saint-Claude (côté chapelle de Toussaint).

Verrière des Béatitudes, chapelle de Toussaint
Troyes, église Saint-Nicolas
  C’est le sculpteur barséquanais Claude Bornot qui travailla à l’ornementation et au décor sculpté de la chapelle ; il n’en subsiste aujourd’hui que les clefs de voûtes, les socles et dais des statues, toute la statuaire ayant été déplacée et disparue. Le peintre « Petit Gérard », en avait fait l’ordonnancement. Le peintre Jacques Cochin peignit l’ornementation sculptée de la chapelle.

Chapelle de Toussaint, voûtes
Troyes, église Saint-Nicolas
Chapelle de Toussaint, ornementation sculptée
Troyes, église Saint-Nicolas
Chapelle de Toussaint, clef de voûte de Claude Bornot
Troyes, église Saint-Nicolas

  Le peintre « Petit Girard » dessina le modèle de la verrière des Béatitudes (baie 3) selon un projet sans doute conçut par le prêtre Jacques Frémin, qui rédigea les inscriptions figurant sur la verrière. Le vitrail réalisé par le maître verrier Jean Soudain fut posée en 1535. Les mécènes qui ont financé la réalisation sont identifiés par les armoiries se trouvant dans le trilobe de la lancette centrale : celles de la famille Le Tartier. 

   Frédéric Elsig identifie ce « Petit Girard » au peintre Grégoire Guérard dont la carrière serait troyenne et bourguignonne. 

Une verrière sur le même thème se trouve à Lhuître.

La verrière, haute de 5,30 m et large de 2,10 m est composée de trois lancettes trilobées à trois registres et d’un tympan  à trois soufflets et quatre écoinçons.

En haut de chaque panneau sont les inscriptions latines indiquant la béatitude illustrée par la scène du panneau et en-dessous se trouvent des vers en français, le tout composés par Jacques Frémin.

Registre inférieur :


        Panneau de gauche représentant un combat d’anges et de démons : « Bienheureux ceux qui sont doux »
    - Panneau central représentant l’histoire de Joseph : « Bienheureux ceux qui font miséricorde »
    - Panneau de droite représentant  les martyres de saint Etienne et saint Laurent : « Bienheureux ceux qui souffrent de la persécution pour la justice »

Deuxième registre : 



       Panneau de gauche, consacré à la vocation des apôtres : « Bienheureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté »
        Panneau de gauche consacré au martyre de sainte Agnès et le miracle de ses cheveux : « Bienheureux les cœurs purs »
          Panneau de droite, aussi consacré aux saintes vierges et pariculièrement à sainte Agnès 
   
Registre supérieur :


  Les trois panneaux du registre supérieur viennent d’une autre verrière, consacrée à la vie de saint Roch et provenant sans doute de la chapelle placée au sud-est, édifiée aux mêmes dates : la chapelle Saint Roch (1533-1535) où se trouve aujourd’hui un arbre de Jessé (1534).

Tympan :


  Dans la tête de la lancette centrale se trouvent les armoiries de la famille Le Tartier.

 Au tympan, les deux soufflets du bas représentent l’âme de saint Roch présentée à Dieu le Père par des anges, l’Esprit Saint (sous la forme d’une colombe) et le buste du Christ dans le soufflet supérieur. 

  Dans les quatre écoinçons se trouvent des anges musiciens.

  La verrière de la baie 4 de l’église de Lhuître, complète et n'ayant sans doute pas souffert de déplacements ou recompositions, peut nous donner une idée des panneaux manquants à celle de Saint-Nicolas de Troyes ; les panneaux semblent en être des reproductions, attribuable aussi à Jean Soudain.

  La structure de la verrière, composée de deux lancettes trilobées à quatre registres, donne une organisation différente de la verrière. En tête de lancette se trouvent les armoiries de la famille troyenne d’Autruy et celle de Lorraine.

Registre inférieur :

-              À gauche : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice » illustrée par saint Nicolas sauvant les trois soldats de la mise à mort
-            À droite : «  Bienheureux ceux qui sont épris de paix », illustrée par saint Yves arbitrant un conflit

Deuxième registre :

-            - À gauche : « Bienheureux ceux qui souffrent de la persécution pour la justice », illustré par le martyr de saint Laurent et saint Etienne
-              À Droite : « Bienheureux les cœurs purs » avec le martyre de sainte Agnès

Troisième registre :

-           À gauche : « Bienheureux ceux qui font miséricorde » : illustré par  l’histoire de Joseph
-         À droite : « Bienheureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté » illustré par la vocation des apôtres

Dernier registre :

-          - À gauche : « Bienheureux ceux qui sont doux », illustré par le combat des anges contre démons
-           À droite : « Bienheureux ceux qui pleurent », illustré par la prédication de Jean-Baptiste et les plaintes de Jérémie

Ainsi, au regard des panneaux de l’église de Lhuître, nous pouvons deviner que les trois panneaux manquant à Saint-Nicolas de Troyes pourraient être les trois suivants :
-         « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice » illustré par saint Nicolas sauvant les trois soldats de la mise à mort
-           « Bienheureux ceux qui sont épris de paix », illustré par saint Yves arbitrant un conflit
       « Bienheureux ceux qui pleurent », illustré par la prédication de Jean-Baptiste et les plaintes de Jérémie

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     Références et sources : 

Archives départementales de l'Aube, registres 17 G 6 à 17 G 9 ; registre 136 J 27. 
Les Vitraux de Champagne-Ardenne. Corpus vitrearum. Paris, CNRS, 1992.
Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560), Corpus Vitrearum- PUPS, 2005.
Frédiric Elsic, Grégoire Guérard, SilvanaEditoriale, Milan, 2017.

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